Detective Comics s’emploie à raconter l’autre versant de la « Joker War » mais profite cette fois-ci d’un souffle nouveau, qui fait que la série n’est plus seulement dans le sillage du titre Batman. Bruce est en effet rejoint par une alliée avec qui il est plutôt en froid. La présence de Batwoman, associée à celle du dessinateur Kenneth Rocafort, donne un ton nouveau aux mésaventures du Chevalier Noir contre le Joker.
Scénario de Peter Tomasi
Dessin de Kenneth Rocafort
Parution aux USA le mardi 11 août 2020
On l’évoquait dans nos récentes chroniques : alors que du côté de Batman James Tynion dynamite l’univers du héros, Detective Comics se trouve par la force des choses dans une position délicate, à la fois obligé de tenir compte de ces événements mais, dans le même temps, donnant le sentiment de les « subir ». Avec ce 1025ème épisode Peter Tomasi a une idée excellente : montrer aussi ce que font d’autres héros gothamites pendant que la bande du Joker terrorise la ville. Sans oublier Batman, l’auteur injecte dans l’histoire l’héroïne Batwoman, personnage en marge de la bat-famille. Et c’est une bouffée d’air frais car cela ne fait pas redite avec le reste de Joker War. Qui plus est la cousine de Batman est (au contraire de Dick Grayson, Batgirl ou Jason Todd) sans doute la bat-héroïne qui a le moins de passif avec le Joker. C’est moins « personnel » pour elle, alors qu’elle a par ailleurs des comptes à régler avec Batman lui-même. Cela donne une synergie intéressante où la rousse aventurière, comme à son habitude, refuse de suivre les ordres. C’est vraiment une bouffée d’air frais dans la manière d’abord Joker War et on verrait bien tout un arc traité de la même manière où d’autres alliés moins exposés (par exemple Signal) réagiraient à la guerre ouverte entre Batman et le Joker. Transformer un temps Detective en « team-up book » ne serait pas idiot. Pour autant l’apparition en guest-star de Batwoman n’est pas le seul facteur de changement dans cet épisode…
Le choix de Kenneth Rocafort pour dessiner ce numéro est particulièrement judicieux dans le sens où il instaure d’emblée une ambiance visuelle totalement différente de ce qui se passe dans le titre Batman. Dès les premières cases on a la sensation que les règles du jeu sont ici totalement différentes. Les personnages plus anguleux de Rocafort, son autre manière d’exprimer une atmosphère gothique (le cimetière) ou grotesque (l’arsenal paramilitaire grotesque des forces du Joker), tout cela apparaît à l’image de façon très personnel. On perd le sentiment de la redite qui régnait sur les chapitres précédents. Tomasi et Rocafort, ensemble, ne font pas tant du déjà vu qu’une extension du champ de bataille, reposant en partie sur d’autres protagonistes. L’intérêt remonte en flèche.
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