Avant-Première VO: Justice League: Rise And Fall Special
12 mars 2010[FRENCH] Après l’épisode final de Cry For Justice, Green Arrow passe sur le gril. Sa ville de prédilection a été détruite. Son fils spirituel a été touché dans sa chair. Celle qui lui tenait lieu de petite fille est morte. Et sous la pression Green Arrow est passé du côté obscur. Mais avait-il pensé au fait que d’autres rechercheraient également la piste de Prometheus ?
Justice League: Rise And Fall Special [DC Comics]
Scénario de James Robinson & J.T. Krul
Dessin de Mike Mayhew
Sortie aux USA le mercredi 10 mars 2010
Robinson & J.T. Krul exploitent le filon de Cry For Justice et nous montrent donc la suite directe des événements. La Justice League ignorant la mort de Prometheus, elle ne peut que se lancer à la recherche d’un homme si dangereux et, au bout de la route, finir par tomber sur le cadavre d’un homme avec une flèche verte plantée dans la tête (avec tout ce que cela implique en termes d’identité du meurtrier). L’objectif reste visiblement de surfer sur l’ambiance Identity Crisis. Mais on commence un peu à l’avoir l’impression qu’on tire sur la corde, à commencer par la chronologie plutôt curieuse des événements. Justice League: Rise And Fall est la continuation directe de Cry For Justice. Ca, pas de problème. Mais si c’est le cas alors où convient-il de placer les épisodes actuels de Robinson sur Justice League où la recherche de Prometheus semble au point mort et où la Ligue n’a pas l’air d’avoir conscience des actes de Green Arrow. Avant ce Rise And Fall Special ? Oui mais voilà l’histoire ne laisse pas de place pour qu’une saga se glisse dans cet espace ?
Et puis il y a également la systématisation de la présence de Shade, personnage fétiche de Robinson je veux bien, mais qui s’explique difficilement. Comme insinué dans le mensuel Justice League of America, c’est donc Shade qui a transporté Green Arrow dans la dimension de Prometheus. Ca, OK. Mais c’est quand même un peu gros que quand le reste de la Justice League cherche le même Prometheus leur premier réflexe est, comme par hasard, d’aller voir le même Shade. A croire qu’il n’existe qu’un seul télétransporteur dans le DC Universe ! Bref tout ça est curieux et semble un peu tourner en rond, en utilisant des personnages communs à Cry mais avec un recul étrange, qui fait que par moment on se demande si ce sont bien les mêmes héros. Franchement, le passage où Batman se demande si finalement Red Arrow n’a pas mérité, d’une manière ou d’une autre, les choses qui lui arrivent… C’est pour le moins curieux. Bref, le ton de l’ensemble est bancal. Le sort de Green Arrow m’intéresse mais éditorialement on a l’impression que tout ça a été monté un peu trop rapidement…
[Xavier Fournier]
Voilà que DC nous refait le coup d’un Green Arrow « sombre » , une approche que Mike Grell avait déja faite il y a des années ! Quel peut bien être la pertinence d’un tel choix ? Et quelle est cette étrange prédilection des scénaristes modernes pour le glauque, un élement qui apporte peu de choses, voire rien au scénario et qui donne surtout des histoires peu inspirées ?
Il y a deux choses. D’une part il y a la question de la qualité éditoriale du produit et là mon avis c’est quand même plutôt que le problème c’est que ce spécial vient se rajouter au dernier épisode de Cry For Justice sans forcément apporter grand-chose à part que « the secret is out ». Après le fait de dire que c’est glauque, je veux bien, c’est une question d’avis. Mais c’est très à la mode de le reprocher aux auteurs actuels tout en disant que c’était mieux avant. Or justement l’épisode de Grell que vous mentionnez a près d’un quart de siècle ! Ca n’a donc rien de propres aux scénaristes modernes.
Cette cacophonie éditoriale ne peut que me convaincre davantage que les comics DC sont moins ‘lisibles’ que leur équivalent Marvel. Même si Marvel a parfois le problème inverse (avec par exemple des scènes capitales que l’on retrouve répétées jusqu’à l’écœurement dans toutes les séries d’une même gamme), on a parfois l’impression que les éditeurs DC ne se soucient pas toujours pas des problèmes de cohérence ou de lisibilité: on pourrait prendre par exemple les épisodes de JLA mettant en avant d’obscurs personnages des univers alternatifs Tangent, Milestone, etc…(et cela sans aucune explicatif préparatoire) ou la série ‘Countdown’ dont la fin n’est pas raccord avec le début de ‘Final Crisis’, le gros event que ‘Countdown’ était censé préparer! Je vois hélas que la JLA de Robinson ne sera pas reader-friendly pour le lecteur français et c’est bien dommage. C’est sûr que DC en France souffre de ses lacunes ‘historiques’ face à MARVEL, mais franchement la qualité des séries majeures DC et ce manque de suivi éditorial ne facilite pas la tache de panini!
« Après le fait de dire que c’est glauque, je veux bien, c’est une question d’avis. Mais c’est très à la mode de le reprocher aux auteurs actuels tout en disant que c’était mieux avant. »
Je n’ai pas dit cela. Même autrefois, il existait des histoires médiocres. Mais le scénariste ne sentait obligé de surenchérir sur la violence pour sauver les meubles. Et si je cite Mike Grell (dont les histoires n’étaient pourtant pas mauvaises) c’est que le problème a bien commençé il y a une quinzaine d’années.
Car pour un Grell,un Miller ou un Moore talentueux, combien de scénaristes qui voient dans la violence scabreuse un moyen de briller à peu de frais ? Violence qui touche d’ailleurs quasiment toujours les mêmes (et ce n’est pas Gail Simone qui me contredira) : dans les comics modernes, les héroïnes subissent des mésaventures (et le mot est faible) qui sont bien souvent epargnés à leurs collègues masculins. Et n’évoquons même pas la question des enfants de super-héros (il y a apparement chez DC un concours morbide dont le but est d’éliminer la progéniture de tout les ex- Teen Titans).
Bref, ce n’est pas de l’antépathie que de dire que torturer Black Canary dans « The Longbow Hunters » (très bonne histoire malgré tout, répétons-le)n’était peut-être pas nécessaire, que Roy Harper aurait pu conserver son bras, que détruire toute une ville et tuer une petite fille n’était pas indispensable et que The Authority aurait pu se passer, pour détruire quelques dictateurs, de noyer tout un continent dès leur deuxième saga.
Hmm. Je ne mets pas les deux choses (Green Arrow et Authority) dans le même sac. Parce qu’Authority, pour le coup, on sait qu’on va dans le politiquement incorrect et dans ce genre de situation. Ce serait un peu comme de priver l’inspecteur Harry de son flingue 😉 Après sur Red Arrow, je ne sais pas, j’attends de voir ce qu’ils vont en faire. Le problème en ce qui me concerne touche plus au découpage de l’ensemble sur « Rise And Fall ». Pour reprendre l’exemple de Grell, c’est un comme si on lui avait demandé de terminer une mini pile sur ce qui arrive à Black Canary. Puis de lancer un spécial derrière ca. Qui sera suivit par une mini, alors que par ailleurs la série GA continue et que les éléments sont également incorporés dans le mensuel Justice League sans que tout me semble vraiment faire avancer la situation à part que, si, les autres savent ce qu’il a fait mais bon ca fait beaucoup de papier vendu pour cette seule révélation. Ca traine en longueur et ca atténue l’effet. Sinon ca ne me choque pas que les héros s’en tirent pas toujours indemnes (et vu que la plupart des séries sont centrées sur des héros mâles, du coup ce sont les personnages sacrifiables qui prennent mais bon Trevor le boyfriend de Wonder Woman y a eu droit aussi). Disons plutôt que ce que je n’achête pas, pour l’instant, c’est la mine horrifiée de la JLA. Parce qu’entre WW qui a tué Maxwell Lord, Green Lantern (ah non, Parallax) qui a tué quelques personnes au moment de sa crise de folie, Barry Allen lui-même qui a tué Reverse-Flash (mais il va mieux) ou même Superman qui avait condamné à mort le Zod d’un univers parallèle (mais bon ca a été annulé par Infinite Crisis) le casier des autres héros n’est pas vraiment vierge, loin s’en faut.
Personnellement, il me semble normal que des héros dignes de ce nom souffrent dans leur âme et dans leur chair lors de leur combat contre le mal. Sinon il serait difficile pour un lecteur (qui lui peut souffrir de manière terrible et horrible dans sa vraie vie) de s’intéresser aux aventures trop lisses et trop convenues de ces personnages (difficile de croire qu’un héros -même très résistant, puisse sortir d’un combat contre adversaire pouvant raser des montagnes sans la plus petite séquelle).
Avant Identity Crisis, certaines personnes reprochaient justement aux aventures des héros DC un certain manque de réalisme, une certaine naïveté old school…on avait parfois l’impression que les héros et les vilains DC s’affrontaient en suivant un certain code de l’honneur non écrit qui interdirait de pratiquer certaines formes de violence/sadisme/dépravations/mutilations/etc contre les héros et leur entourage, les actes de violence extrême étant réservés à certains personnages spécifiques (souvent considérés comme des malades mentaux) comme le Joker.
Alors que dans le même temps, les vilains Marvel se sont toujours montrés capables de pires horreurs.
Et donc j’approuve totalement DC quand il essaye de revenir sur un ton plus réaliste, même si parfois l’historique de l’éditeur fait qu’un tel choix peut paraître ‘forcé’…
« Alors que dans le même temps, les vilains Marvel se sont toujours montrés capables de pires horreurs. »
Ah, pas toujours. Dans le cas des X-men par exemple, des gens comme Magnéto ou le Fléau savaient pratiquement tout ce qu’il y avait à savoir sur la soi-disant « Ecole pour jeunes surdoués » , et aurait pu mille fois les dénoncer…Et pourtant il faudra attendre Grant Morrison (et Cassandra Nova) pour que les X-Men se retrouvent exposés…
Effectivement, ils auraient pu les dénoncer, mais ce n’était peut-être pas la meilleure approche pour des personnages aussi narcissiques…l’école de Xavier a quand même été attaquée (et détruite) tellement de fois que c’est devenu un ‘gimmick’ de la série.
D’ailleurs beaucoup des X-MEN sont l’exemple type du héros qui paye chèrement le prix de son héroïsme: Jean Grey est morte plusieurs fois (dont une fois de sa propre main), Madelyne Pryor est devenu folle suite aux manigances de Mr Sinister, Archangel s’est fait arracher les ailes par les Marauders (et il est devenu plus tard l’incarnation de la mort suite à l’intervention d’Apocalypse), Wolverine a perdu plusieurs petites amies et amis (souvent de la main de son ennemi juré Sabertooth), bon nombre des étudiants de Miss Frost sont tombés sur le coup des Reavers…la liste est TRES longue, et je ne parle que des X-MEN…Les proches de Spider-man (Gwen Stacy, Tante May…), de Captain America (Carol Danvers qui perd son bébé suite à un combat au couteau…), des Avengers (Wanda qui découvre que ses enfants ne sont que des illusions, et qui sombre dans la folie…) ont aussi payé leur tribut de manière terrible et parfois sordide…
Ce qui est amusant, c’est que quand DC fait souffrir ses personnages, les lecteurs disent qu’ils font du ‘Grim and Gritty’ pour vendre, alors que Marvel fait la même chose sans problème depuis des années…