Dessins de Lee Ferguson
Parution aux USA le mercredi 23 septembre 2015
Ces dernières semaines, lors de la promotion de ce numéro, David F. Walker clamait haut et fort que cette histoire allait changer Nick Fury pour toujours. Une annonce ambitieuse puisque l’on a d’une part le « nouveau » Nick Fury (« junior », inspiré de celui des Ultimates et globalement un personnage récent, qui n’a pas encore trouvé ses marques) et de l’autre le vieux Nick Fury (« canal historique », dont Original Sin a fait une sorte de voyeur cosmique). En général les phrases à la « plus rien ne sera plus jamais comme avant » n’engagent que ceux qui les croient. Mais comme souvent c’est l’éditeur – pas l’auteur – qui en rajoute, la profession de foi de Walker avait de quoi intriguer. Lequel des deux Fury allait être changé ? On ne savait pas. Mais Walker prévenait : il avait trouvé un moyen d’impliquer toutes les facettes de Fury : l’agent secret vintage des années 60, le fiston et même le Nick Fury post-Original Sin. Mazette… À la lecture, on peut pourtant dire que Walker et Ferguson ont les yeux plus gros que le ventre.
Pourtant, le synopsis est plutôt bien pensé même s’il est assez simple : Nick Fury Jr. est lancé à la poursuite d’un super-raciste, le Hate-Monger (le Maître de la Haine pour les lecteurs de VF). Les deux hommes se retrouvent projetés 50 ans dans le passé (ce qui tombe plutôt bien pour célébrer l’anniversaire du S.H.I.E.L.D.) ce qui les place, en 1965, au beau milieu d’émeutes raciales. Le Hate Monger prend la poudre d’escampette tandis que Nick Fury Jr., étant noir, est arrêté d’office par… le S.H.I.E.L.D et donc par son « papa ». C’est là que l’on sent que les choses basculent. Au début, en effet, il n’y a guère que les pages parfois mal inspirées de Lee Ferguson (par exemple la page 7) qui font tiquer. Mais dès que l’on arrive en 1965 ça se complique. Ou au contraire cela se simplifie trop. Alors comme cela, le S.H.I.E.L.D est là pour s’occuper de « simples » émeutes qui sont du ressort de la police ? Et puis se pose aussi la question de la conscience sociale de l’épisode. Si l’on parle des émeutes de 1965, ne faudrait-il pas aussi rebondir sur ce qui se passe aux USA de nos jours, depuis quelque temps, où la question refait surface ? Walker passe à côté du message (Scott Snyder fait un bien meilleur job à ce propos dans le dernier Batman) et se concentre seulement sur le premier degré, sur la confrontation des deux Nick Fury, le plus jeune taisant son identité pour éviter tout paradoxe mais en profitant pour mieux comprendre ce père qu’en apparence il a toujours détesté. Et là pour le coup, Walker n’y est pas pour grand-chose mais il y a un problème de construction dans le « new » Nick Fury depuis son introduction après Fear Itself. Marcus Johnson, qui est supposé ne pas spécialement porter son père dans son cœur… a donc finalement choisi de se faire appeler de son nom de baptême, Nick Fury Jr, qu’il ne portait pas jusqu’ici. C’est logique et surtout, dans le cas présent, cela mine cette histoire à la « jusqu’ici je le détestais mais je le comprends mieux ». On comprend, nous, que c’est ce que Walker voulait évoquer en parlant d’un « grand changement ». Le compte n’y est pourtant pas. Et pour ce qui est du Nick Fury d’Original Sin, s’il est mentionné, c’est vraiment minime et ceux qui espéraient en savoir plus sur ce que devient, là-haut, le vieux Nick se font clairement voler. Le récent épisode du comic-book régulier S.H.I.E.L.D. faisait un bien meilleur boulot pour célébrer l’époque Kirby/Steranko. Et le numéro spécial sur Mockingbird redistribuait assez les cartes pour nous donner envie d’une série. Là, Nick retourne à ses affaires courantes et au bout du compte l’épisode est totalement dispensable. Circulez, y a rien à voir…
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