Avant-Première VO : Adam: Legend of the Blue Marvel #3

[FRENCH] Ce troisième épisode repose principalement sur la façon dont l’ex-Blue Marvel a été surveillé de très près pendant des années. Et sur la prise de décision du personnage quand au fait de savoir s’il va sauver la Terre (mais croyez-vous réellement qu’il a envie de se retrouver seul à flotter dans l’espace). Derrière la parabole sur la ségrégation, cependant, le trait est un peu trop forcé et le résultat tombe – hélàs – régulièrement dans la caricature.

Adam: Legend of the Blue Marvel #3 [Marvel] Scénario de Kevin Grevioux
Dessin de Mat Broome
Sortie aux USA le mercredi 14 janvier 2009

Disons-le tout de suite, il n’y a rien dans ce comic-book que je n’ai déjà vu soit dans Sentry, soit dans Captain America : The Truth. Sentry pour le côté « il y avait un Superman il y a quelques décennies mais on ne vous en avait jamais parlé ». Comment, en effet, croire qu’un tel personnage aurait existé de manière publique et que Tony Stark n’en ai pas entendu parler, au point d’être obligé de se renseigner dans les fichiers du S.H.I.E.L.D. ? The Truth pour le côté « l’establishment d’alors ne voulait pas d’un super-héros noir ».  Ce que je peux admettre dans une certaine mesure mais pas quand autant de personnages blancs de 1962 sont montrés en train de se méfier voir de détester cordialement les afro-américains. La future épouse d’Adam est montrée en train de « potasser » le sujet des noirs comme si elle était en train de préparer un voyage à l’étranger.. Et deux scènes plus tard s’étonne que son chéri ne puisse pas entrer dans un restaurant à cause de la ségrégation. Qu’il y ait eut des crétins, des racistes, qu’il faille dénoncer leur philosophie et que cette minisérie s’y emploie, c’est très bien. Mais pour servir cette ambition humaniste, il faudrait que le ton soit à la hauteur. Un peu plus de finesse ne ferait pas de mal.  En un sens Kevin Grevioux a écrit une opposition entre peuples bien plus convaincante dans ses films Underworld. Et on y parlait pourtant de vampires et de loup-garous…

D’autres incohérences viennent handicaper le récit. Comme un gros souci de chronologie qui fait que si Adam rencontre sa femme en 1962 quand ils sont déjà adultes, quarante-sept ans plus tard on daigne tout juste colorier en gris les cheveux de l’épouse. Clairement les deux personnages n’ont pas l’air d’être septuagénaires et vu la tournure du récit on ne dirait pas qu’on nous prépare particulièrement une explication. A un moment le scénario passe pourtant à côté d’une scène potentiellement intéressante. Blue Marvel y croise un extra-terrestre bien connu des lecteurs de Marvel. Cela pourrait être une bonne occasion pour placer une méta-référence sérieuse. Après tout pendant des années les auteurs de Marvel ont peuplé leur cosmos avec des aliens qui en majorité ont un aspect « caucasien ». Qu’un personnage noir parte dans l’espace, n’y trouve pas son reflet mais au contraire celui de l’establishment blanc, il y avait là quelque chose à creuser, de presque métaphysique. Au lieu de cela la question est presque expédiée sur un ton de comédie (et on ne comprend d’ailleurs pas pourquoi cet alien s’est révélé à Blue Marvel).

En fait on a l’impression que pour que le récit de Grevioux fonctionne il faut régulièrement que les personnages fonctionnent à l’encontre de leur nature habituelle. Par moment l’effet me fait un peu penser aux Black Panther de Hudlin ou l’on voyait certains persos se comporter de manière si atypique qu’on avait du mal à croire que c’était dans la continuité. Là, par exemple, on ne comprend toujours pas pourquoi Iron Man est terrifié à ce point par Anti-Man qu’il place autant d’espoir dans Blue Marvel et qu’il déploie finalement plus d’effort pour retrouver Blue Marvel que pour comprendre et stopper Anti-Man. Iron Man et les Vengeurs ? Ceux qui ont repoussé des menaces comme le Beyonder, Korvac ou même le Collective (le type qui a décimé Alpha Flight) ? Qu’a donc fait de pire Anti-Man ? Rien ou pas grand-chose. Mais comme il faut absolument nous dire que retrouver Blue Marvel est important au dessus de tout, on s’en tient là.

Vous l’aurez compris, Adam : Legend of the Blue Marvel n’est pas franchement ce que je qualifierais de série la plus aboutie de la semaine. A ce stade d’ailleurs, la minisérie m’a l’air d’ailleurs tellement mal structurée que finalement ce qui reste d’intéressant c’est « l’après », à savoir si ce nouveau personnage « réintroduit » dans le passé de Marvel saura se trouver une place dans l’univers contemporain. A la réflexion peut-être que la mini aurait mieux fait de tabler sur une sorte de version noire de Vengeurs, avec différents héros qui auraient pu refléter différents points de vue. Les angles auraient sans doute été plus variés et moins tranchés.

[Xavier Fournier]

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