Avant-Première VO: Review All-Star Batman #1
10 août 2016[FRENCH] All-Star Batman est sans doute une des sorties attendues avec le plus de curiosité cette semaine, sachant que cette nouvelle série voit Scott Snyder opérer sans son compère Greg Capullo. Bizarrement, le scénariste semble métamorphosé par ce format anthologique et nous donne quelque chose de plus intense, plus compact, que ses épisodes récents de Batman.
All-Star Batman #1 [DC Comics]
Scénario de Scott Snyder
Dessins de John Romita Jr. et Declan Shalvey
Parution aux USA le mercredi 10 août 2016
Après un passage par la case Dark Knight, John Romita Jr. rejoint Scott Snyder pour le lancement de ce nouveau titre. Si la première double page est un peu chaotique (la couleur recouvrant d’une certaine manière la narration), la chose s’estompe rapidement et le travail de Dean White permet de faire le lien avec l’époque Capullo (des teintes très colorées, modernes). De fait John Romita semble ici bien mieux employé, plus à l’aise, que sur Superman tout en se permettant quelques allusions graphiques (son Black Spider emprunte beaucoup au Black Tarantula qu’il dessinait à l’occasion chez Marvel). Mais celui qu’on attendait au tournant, c’est Scott Snyder, après une cinquantaine d’épisodes de Batman (plus, si l’on compte des supervisions comme Batman Eternal) et des effets d’annonce évoquant, à plusieurs moments, le fait qu’il disait ne plus avoir grand-chose à raconter sur Batman. En fait, All-Star Batman lui donne l’occasion de se réinventer un peu, en partant d’abord sur une histoire relativement libre de chronologie. En dehors de Duke, le nouveau Bat-partner, le reste est assez intemporel, comprenez que c’est quelque chose qu’on pourrait faire lire à quelqu’un qui ne connaîtrait que les grandes lignes de Batman. Dans le même temps, Snyder joue avec les ellipses et nous amène dans une situation où l’on commence par se demander ce qui se passe. Son récit transmet bien l’impression de tension, de densité et on est loin de la narration décompressée d’un Zero Year. C’est même l’inverse, avec une bonne mesure d’adversaires qui servent de chair à canon tandis que le véritable antagoniste intervient à un niveau plus cérébral. Snyder et Romita nous donnent d’ailleurs une bonne version modernisée de Two-Face, plus imposante et plus fraiche qu’un énième usage du Joker. Bien sûr, il y a la révélation du traitre, vers la fin, qui vise haut et qui nécessitera, dans les épisodes à venir, que la justification soit bonne. Mais pour l’instant c’est à la fois prenant et efficace.
« Look at me. Not them. Look at my face. No one is dying today. »
All-Star Batman est un titre « chargé », c’est peu de le dire, puisqu’une précédente mouture du titre était associée à Frank Miller et Jim Lee. Curieusement, dans le deuxième segment, qui laisse la part belle à la formation du nouveau partenaire de Batman, il y a une sorte de version inversée, de reflet dans le miroir, de la manière dont Miller voyait le recrutement de Robin. Ici, Batman se place résolument dans le rôle du mentor et, à travers ses méthodes d’apprentissage, dresse aussi au passage une forme de reflet de ses autres alliés (Dick, Barbara…). On regrettera quand même que Snyder ne soit pas très subtil et même tourne en boucle dans les dialogues, d’une histoire à l’autre (combien de fois Batman peut-il nous répéter que cette fois-ci il essaie de faire mieux que de recruter un Robin, avec un certain manque de modestie du scénariste ?). Par contre c’est un bon retour aux méthodes du détective, un peu oubliées ces dernières années au profit de menaces globales qui s’attaquaient à la ville, créant une gestion de crise et d’émeute mais pas tellement de cheminement policier. Avec cette analyse d’une scène de crime, on en revient aux bases, avec un Declan Shalvey visiblement très inspiré par le contexte. All-Star Batman semble démarrer comme la Bat-série incontournable pour ceux qui veulent du Batman ne s’emmêlant pas les pinceaux dans des crossovers ou des questions de continuité, sans rien lâcher en termes d’action ou de notion d’importance. On a l’impression (à vérifier par la suite, bien entendu) que c’est la véritable redéfinition de Two-Face dans l’univers post-2011 de DC et qu’il y aura un « avant » et un « après » pour le personnage. Un bon démarrage.
[Xavier Fournier]