Dessin de Brent Anderson
Parution aux USA le mercredi 10 Décembre 2014
Depuis deux décennies Astro City propose un niveau de qualité constant (en dehors de pages récentes qui n’ont pas été produites par Anderson). Ce qui fait que d’un arc à l’autre on tombe rarement de haut. Mais il faut bien dire que, parfois, la logique de la série est frustrante. Son approche, à mi-chemin entre celle de Marvel et de Cloverfield, est de proposer souvent (mais pas toujours) des points de vue « au niveau de la rue » dans une ville peuplée de super-héros. Et certaines histoires s’engagent donc dans ce que l’on pourrait qualifier d’univers étendu alors que, dans le même temps, la Honor Guard (l’équivalent de la Justice League ou des Avengers) est souvent aperçue ou mentionnée mais rarement explorée. Prenez Crackerjack et Quarrell, qui font partie d’Astro City pratiquement depuis les premières pages par exemple et dont on sait assez peu de choses (si ce n’est que Quarrell, tout en étant super-héroïne, est la fille d’un super-vilain). Kurt Busiek s’attaque donc cette fois-ci à un vide dans la mythologie de sa série et s’attaque à nouveau à détailler l’archétype. Si l’on reconnaît les modèles de Samaritan ou Winged Victory par les analogies dans les pouvoirs, ici c’est un jeu différent qui est appliqué.
Extérieurement, Crackerjack est un acrobate spectaculaire et crâneur, une sorte de mélange entre le Daredevil époque Gene Colan et Booster Gold. De la même manière, Quarrell est une experte au tir, fille d’un super-vilain pas très éloigné de Deadshot. C’est dans leur vie privée que l’on reconnaît réellement les fondamentaux de ces héros, tandis que Jack est le « rebelle de service » qui doit faire face à son âge. Même si son costume ne s’approche pas de Green Arrow (à tout prendre Quarell y ressemblerait plus), on est bien en face d’un Oliver Queen dans les années 80 (Longbow Hunters, faisant sa crise de la cinquantaine). Et Quarrel a dans le civil des airs de Dinah Lance (Black Canary), bien que son histoire personnelle soit assez différente. Même la couverture nous ramène à l’époque où Speedy se défonçait… Ici le message est un peu différent. Busiek s’intéresse à ces personnages d’importance intermédiaire, à ces héros « culte » qui font le terreau des grandes équipes sans forcément être des icônes. Les idoles ne vieillissent pas vraiment, ne s’usent pas, que ce soit par popularité ou par leurs pouvoirs. Crackerjack et Quarrell ne sont pas surhumains, n’arrivent pas à la hauteur d’un Samaritan et, dans le même temps, voient arriver une nouvelle génération. D’où la problématique. Que faire quand on est un super-héros et qu’à la cinquantaine le corps commence à ne plus suivre ? Ce sera sans doute la question maîtresse de cet arc. Dès le premier épisode en tout cas c’est sympathique, pour ne pas dire poignant. Et comme c’est Astro City, tout reste ouvert, personne n’est à l’abri. Ou bien Busiek et Anderson auront aussi le loisir de faire intervenir un autre archétype. Ces temps-ci, la série retrouve vraiment l’énergie de ses premières années. Et c’est appréciable. À la manière d’un Supreme en son temps, elle sait aussi nous donner des choses qu’on ne trouve plus dans l’univers DC contemporain (où tous les héros se doivent d’avoir 25 ans à peine). Typiquement il y a des choses qui nous rendent le Queen de Denny O’Neill ou de Mike Grell.
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