Dessins de Brent Anderson
Parution aux USA le mercredi 20 juillet 2016
Cette année 2016 vient de passer le cap de la moitié mais nous avons déjà vu s’en aller un grand nombre de chanteurs et musiciens légendaires. Cet épisode d’Astro City semble taillé sur mesure pour évoquer la chose, peut-être pas directement (en dehors des allusions à Bowie) mais bien dans le sens général, d’autant que Kurt Busiek avait déjà placé le Broken Man dans la série ces dernières années. Sorte d’homologue des personnages classiques de Vertigo, le Broken parle directement au lecteur, à conscience du fameux « 4ème mur » et, sous de faux airs du personnage que Bowie jouait dans Labyrinth, évoque aussi Morpheus, le Sandman, au point cette fois d’avoir sa « maison des rêves ». Mais le Broken Man est ici le narrateur et il commence alors à nous expliquer comment la musique (et la magie qui l’entoure) a fait son apparition dans cette ville, quand elle n’était même pas encore Astro City. Et petit à petit les auteurs remontent l’histoire des genres musicaux, de la balade country au jazz, en passant par le blues.
« It’s full of memories. Full of sounds, smells, all kinds of music… »
La marque de fabrique d’Astro City, héritée de Marvels, c’est l’angle, le point de vue. Bien souvent celui de l’homme ou de la femme de la rue. Mais pas toujours. Au fil des ans Kurt Busiek et Brent Anderson se sont aussi employés, souvent, à montrer les choses sous les yeux d’un héros secondaire ou d’un gangster repenti. Mais dans tous les cas il s’agît de montrer qu’ils ont bien plus d’humanité qu’on pourrait le croire, surtout quand ils semblent être, comme souvent, des archétypes. Cette fois l’épisode déroge à la règle puisque le personnage central est ce Broken Man, qui tellement abstrait, dérangé, que l’humanité semble bien loin. Mais il se fait narrateur et voici alors qu’arrive cette notion d’angle, service cette fois-ci autrement, via l’apparition de la musique dans la ville, en commençant par les premiers cow-boys, avant même la construction du lieu. Tout cela se décline par l’intervention de super-héros calqués sur les époques concernés. Et Busiek ne reste pas seulement dans un premier degré, dans des allusions mélomanes mais se sert, justement, de la musique pour montrer l’évolution de la société. Ce n’est « que » de la musique mais c’est aussi un ressort qui réveille des réflexes d’acceptation ou de rejet dans les contemporains. Astro City s’éloigne du pastiche des Superman, Batman ou Wonder Woman pour trouver une sorte de lignée qui, à bien des égards m’évoque, narrativement, le Starman de James Robinson. En tout cas l’arc qui commence est original…
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