Dessins de David Marquez
Parution aux USA le mercredi 13 juillet 2016
Plus qu’un « Civil War bis », Civil War II pourrait être, en un sens, l’Identity Crisis de Marvel, c’est à dire tandis que les héros se déchirent sur la question d’être ou pas proactifs, les conséquences de leurs actes leurs échappent totalement. Tout comme d’une certaine manière le pacte secret de Green Arrow et des autres déclenchait, involontairement, une série de catastrophes. Après avoir écarté deux héros peut-être pas « majeurs » mais en tout cas des « fan favorites », Civil War II en arrive à une autre mort, dont les conséquences sont aussi problématiques à l’intérieur de l’univers Marvel selon qu’on fasse référence à l’identité du mort où à celle de son tueur. Malheureusement, Bendis se prend les pieds dans un certain nombre d’éléments. C’est à dire, par exemple, qu’on peut lire cet épisode en cherchant vainement à le rattacher à ce que Greg Pak a pu faire de Banner récemment dans Totally Awesome Hulk. Bendis n’y prête pas attention (ou alors personne n’a pensé à briefé les deux scénaristes) et son Banner à lui n’est absolument pas raccord, en termes d’état d’esprit ou de rapport à ses transformations. Disons qu’il souffre de la comparaison avec les deux derniers épisodes écrits par Pak, bien plus prenant. Plus largement, il y a cette impression qu’une partie des personnages se comportent de façon assez artificielle, n’interviennent pas ou peu, assistent aux évènements sans guère se poser de question. Tout au plus – arrivé au troisième épisode (e cinquième si on prend en compte le FCBD et le #0) et après quelques morts désastreuses – on commence à voir de vagues « je suis avec Iron Man » mais sans plus (et Steve Rogers a l’air d’avoir perdu toute capacité de s’exprimer, encore que l’on peut rapprocher ça des évènements dans sa propre série). Cela nuit au clivage, il n’y a pas vraiment deux blocs et du coup pas vraiment d’atmosphère de « guerre civile » à ce stade. Par comparaison, le récent Avengers Standoff de Nick Spencer faisait un bien meilleur usage du casting.
« … We have a bit of a moral dilemma on our hands. »
Inversement, et malgré cette impression qu’une grande partie des personnages (une fois passé Tony Stark et Carol Danvers) ont la tête ailleurs, il faut bien voir que Bendis fait dans Civil War II ce qu’une bonne partie des auteurs de crossovers ont tendance à oublier, c’est à dire passer par un angle légal. Après tout, c’était un reproche qu’on pouvait faire au premier Civil War mais aussi à la plupart des chocs idéologiques entre super-héros (Legends et ainsi de suite) : le fait d’escamoter totalement toute option légale et de tenter d’imposer ou de repousser des lois ou des décrets sur le champ de bataille. Là, Bendis avait déjà ouvert le bal avec un passage devant le tribunal impliquant She-Hulk, le revoici qui revient sur ce terrain en empruntant la voix de Matt Murdock. Cela n’excuse ou n’explique pas tout (par exemple à la place du coupable le Punisher aurait été bien plus logique, même sans doute il n’aurait pas impliqué les mêmes remous dans la communauté super-héroïque). Sur ce terrain « légal », la tendance au dialogue de Bendis trouve une raison d’être et permet de dire les choses bien mieux que lorsqu’il s’agît de faire parler une bande de héros sur une pelouse. Même si des personnages de première importance sont concernés, Civil War II, par son exécution, laisse une impression de ne pas aller au bout des choses et de remettre en jeu à chaque nouvel épisode la perception du crossover dans son intégralité. Possible aussi que cela vienne pas seulement du scénario mais aussi du dessin de Marquez, dont la narration n’est pas toujours très technique. Si la page de la mort peut interpeller, elle n’est pas à la hauteur de certains autres décès des comics. Il semble que le quatrième numéro contiendra son lot d’explications (avec les allers-retours dans le temps de Bendis, difficile d’être certain) et que notre perception de Civil War II pourrait, elle aussi, basculer vers l’avant dans un proche avenir.
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