Dessins de Stephen Segovia
Parution aux USA le mercredi 22 avril 2015
Convergence #2 a vu arriver un nouveau protagoniste, proprement déterré par les héros d’Earth 2 et rattaché à un autre royaume « caché ». Plus de trois épisodes écoulés (la semaine prochaine, on sera à la moitié du parcours) et la « proto-JSA » se met enfin en marche. En dehors de Batman et de Dick Grayson, en effet, les autres avaient surtout fait du surplace. Jeff King nous montre par ailleurs deux éléments. Le premier est une redite du #1 : à savoir que si vous ne voulez pas vous battre, Telos viendra vous trouver et faire un tabula rasa. L’inconvénient du point de vue de l’intrigue, c’est que cette fois le jeu a commencé et c’est plutôt curieux de voir Delos décimer des cités comme un éléphant dans une boutique de porcelaines. En détruisant lui-même des participants (et l’on va retrouver la chose plus loin dans l’épisode), il annule lui-même une partie de son expérience… L’autre élément induit, c’est que les voyageurs temporels glanés dans les différentes cités gardent une importance stratégique, si bien qu’on les range en prévision d’un autre stade. Ou bien il s’agit simplement d’expliquer pourquoi ils n’interviennent pas.
Batman et Grayson occupent cette fois encore le haut du pavé. Néanmoins King lui-même semble aller un peu vite en besogne et la narration s’y perd par moments. Paf, les voici qui surgissent en Batplane. Paf, voici des adversaires qui, visiblement, n’avaient rien d’autre de mieux à faire que les suivre en voiture de ville à travers le No Man’s Land. Paf, voici Grayson qui connaît à peine Thomas Wayne qui d’un seul coup se sent investi d’un sentiment filial ou tout au moins « honorifique » envers lui. Même leur quête d’alliés n’a pas grand sens car, quand ils reviennent expliquer aux autres qu’ils n’ont rien trouvé, c’est faux. Au contraire, ils ont croisé un Batman (et par extension une Gotham) très amical. Plutôt que de rester au milieu de nulle part les héros auraient aussi comme option de se rendre dans une ville amie plutôt que d’attendre qu’elle vienne à eux. D’autant qu’une des questions est que leur Superman est en train de perdre ses pouvoirs (alors que les autres Supermen, dans les villes, semblent les retrouver). La structure d’écriture de King génère des contradictions qu’elle se refuse à résoudre, à affronter, au bénéfice de facilités assez déconcertantes (la manière dont l’assaillant de Grayson est neutralisé, vers la fin, tombe comme un cheveu sur la soupe). Stephen Segovia, en mode « Leinil Yu de substitution » se débrouille pas mal aux dessins, même si j’ai une nette préférence pour le travail – plus personnel – de Carlo Pagulayan sur les premiers épisodes. Se dégage de ce troisième numéro une impression un peu cartoonesque, avec des adversaires qui surgissent de nulle part comme autant de Deus Ex Machina. Mais peut-être que la piste du « royaume caché » pourra relancer la série sur une meilleure piste.
[Xavier Fournier]
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