Avant-Première VO: Review Deadpool #40

[FRENCH] Deadpool, c’est cette série où cela déconne, ou cela rigole. Mais Deadpool peut aussi être une série où, sous le masque du non-sens, il y a une position. La preuve ce mois-ci avec un numéro où le mercenaire se retrouve coincé entre les industriels pollueurs et les menaces environnementales. Deadpool #40 s’attaque en effet… au gaz de Schiste !

Deadpool #40 [Marvel Comics] Scénario de Brian Posehn & Gerry Duggan
Dessins de Scott Koblish
Parution aux USA le mercredi 14 janvier 2015

C’est clairement dit dès le début de l’épisode. Brian Posehn et Gerry Duggan ont décidé cette fois de tourner le dos à l’ultra-continuité et aux crossovers permanents pour nous donner cette histoire. Elle se présente comme un comic-book de propagande financé par Roxxon, dans lequel Deadpool prête son image pour promouvoir le « Gracking » (contraction de « Gamma » et de « Fracking », la technique d’extraction des gaz de schiste). Dans l’univers Marvel Roxxon extrait en effet ces gaz en servant des rayons gamma, créant leucémies, provoquant des séismes ou diverses atteintes à la nature… tandis que l’usage est pris pour un pigeon. L’intervention du mot « Gamma » est minimaliste, n’est là que pour localiser le récit dans le monde de Marvel. Mais dans les faits les deux scénaristes démontent bien tous les arguments, les éléments de langage, des industriels réellement liés aux formes nouvelles de forage.

Scott Koblish dessine la chose de manière assez particulière, avec des effets qui imitent ce que serait un comic-book visant les enfants. Mais au-delà de cela, il arrive à un résultat qui n’est pas sans évoquer certaines anthologies au goût « indé ». Plus que tout, Deadpool nous ramène vers une époque où les comics étaient conscients qu’ils pouvaient parler réellement des choses de la société. On se souviendra du temps où Amazing Spider-Man ou Green Lantern/Green Arrow parlaient des problèmes sociaux. La chose est devenue moins courante ces temps-ci. Pas seulement parce que Marvel et DC veulent vendre des jouets et ne pas vexer les actionnaires : chez Image ou Dark Horse aussi on privilégie l’escapisme pur. Deadpool #40, c’est un comic-book qui se souvient de sa fonction « poil à gratter ». On notera aussi l’utilisation de guest-stars inattendus vers la fin (au côté de l’actrice Sarah Silverman !), qui rajoute encore à la dimension délirante et prouve que faire passer un message n’empêche pas de se marrer. Deadpool #40, c’est bien autre chose qu’une histoire de super-héros…

[Xavier Fournier]

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