Dessin d’Ardian Syaf et divers
Parution aux USA le mercredi 8 octobre 2014
Earth 2 passe en mode hebdomadaire avec ce World’s End 1 (Earth 2, le mensuel, continue toujours en parallèle), qui correspond également à un troisième changement scénaristique depuis le début de la « marque ». Les nouveaux auteurs tablent visiblement qu’un nouveau public pourrait s’y intéresser et démarrent de manière assez reader-friendly en repartant des bases, c’est-à-dire dans les années et les semaines qui ont précédé l’attaque de Darkseid (et la mort des vrais Superman et Batman). C’est un peu surprenant au début mais ce n’est pas sans intérêt. Par exemple, on nous éclaire sur la vraie raison de la mort du fiancé de Green Lantern, élément de scénario qui avait été totalement oublié depuis le lancement d’Earth 2. Et c’est aussi l’occasion de resituer Alan Scott dans sa vie privée (parce que si l’apparition d’un Green Lantern gay avait fait du bruit, depuis deux ans c’est tout juste si l’on y a fait référence). Wilson, Bennett et Johnson héritent aussi d’une donne bien particulière, c’est-à-dire que cela fait des mois que Power Girl et Huntress rodent sur ce monde en s’écriant « Pas possible, qui sont ces Batman et Superman que l’on ne connaît pas ??? ». C’est sans doute la troisième ou quatrième fois que les deux héroïnes font mine de les découvrir mais au moins cette fois on prend le taureau par les cornes et on y va. Ce dernier tiers du comic-book est cependant un peu antinomique car il correspond à une accélération des événements et là, pour le coup, le « nouveau lecteur » que l’on semblait rechercher dans la première partie risque de s’égarer (qu’on ne vienne pas me dire qu’il aura compris qui sont Jay Garrick ou Big Barda). D’autant que l’on botte en touche à un moment en expliquant que si l’on veut découvrir la discussion entre le nouveau Batman et Huntress, c’est le Earth 2 « mensuel » qu’il faut lire (ce qui est inutile d’ailleurs car il est relativement superflu).
Les trois scénaristes reprennent les choses en main, et il y a certains reproches que l’on ne peut guère leur faire. Ils héritent de quelques problèmes non résolus et, malgré cela, leur reconstruction de la chronologie des choses est assez bien vue. Qui plus est elle est bien servie par Ardian Syaf, qui donne un vrai sentiment « d’event » ou de « crossover » à la chose. Dans les problèmes inhérents à Earth 2, on peut citer cette étrange tendance qu’ont les « piétons » à aller au travail quand même, à rester « présentable » même si cela sent la fin du monde. D’où ce qui évoque parfois des erreurs de raccord. L’attaque d’Apokolips dure depuis des mois et il y a encore des laborantins en blouse blanche ? La famille Grayson est dans un camp humanitaire mais Barbara porte une petite veste irréprochable, on la croirait presque prête à partir faire du shopping. Et quand on nous montre Londres… c’est curieux mais cela ressemble vraiment au Colisée de Rome (enfin vous me direz, c’est Terre 2, peut-être qu’il y a un Colisée à Londres en ce monde). Earth 2: World’s End 1 commence vraiment bien dans le sens où l’histoire redonne leur place aux personnages mais on sent une fuite en avant vers la fin. Je reste aussi dubitatif devant certains mystères qui risquent de faire duplication (dans combien de séries hebdomadaires parallèles peut-on s’intéresser au devenir d’Oliver Queen ?). Des problèmes, donc, mais un démarrage bien plus fort que ce que j’attendais… Ce qui tempère la chose et la confiance en l’avenir, c’est la lecture du Earth 2 de cette semaine par les mêmes scénaristes, beaucoup plus simpliste, avec les Kryptoniens jouant aux bisounours (« tenons-nous par la main en regardant le soleil, c’est la guerre mais nous n’avons visiblement rien de mieux à faire »). Bon démarrage, oui, mais il va falloir donner plus de focus à tout cela.
[Xavier Fournier]
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