Dessin de Doug Mahnke
Parution aux USA le mercredi 25 juin 2014
Le ventre de ce numéro, c’est un face à face. Bruce Wayne contre Lex Luthor, dans le même salon, discutant du sort du monde. Mais le milliardaire chauve est convaincu d’avoir percé l’identité secrète de Batman. Toute la question est donc de savoir si Geoff Johns va franchir la limite ou s’en tirer par une pirouette (vous le saurez avant la fin de ce numéro mais on va éviter de spoiler). On reconnaît bien la patte du scénariste dans son refus de traiter les antagonistes par de simples méchants « parce qu’ils sont méchants et pis c’est tout ». Tout comme Black Adam tapait à la porte de la Justice Society en d’autres temps, voici donc Lex Luthor qui joue au « pourquoi pas moi ? », chose que l’on savait déjà depuis la couverture du précédent numéro mais qui s’oriente ici dans un rapport de forces inédit au sein de la Justice League. En effet, Batman n’a plus entièrement la maîtrise des événements. À plus d’un titre d’ailleurs car c’est une modification assez importante pour que l’on se dise que l’écurie des titres Batman devrait être concernée aussi, que cela mériterait un épisode en vis-à-vis. Par contre, je trouve que le style de Doug Mahnke vient fort à propos, quelque part entre ceux d’Ivan Reis (Justice League) et de Patrick Gleason (Batman And Robin). J’aime bien la scène de la fable du scorpion, remise au goût du jour. Mais il faut bien admettre que Johns l’emporte par sa gestion de Luthor, là où il est moins à l’aise avec la psychologie d’un uber-Batman que peuvent l’être Morrison ou Snyder (c’est sans doute aussi pour cela qu’il le décrit de façon beaucoup plus faillible dans Earth One).
Depuis la mise en couple de Superman et Wonder Woman, la série Justice League s’est assez peu intéressée à l’esprit de camaraderie au sein du groupe. Il faut dire que les deux principaux amis, Barry Allen et Hal Jordan, ne se sont pas croisés depuis des lustres puis que Trinity War et Forever Evil a fait qu’on n’y voyait plus très clair. Johns commence à y remédier de façon croustillante en employant Cyborg et Shazam comme deux balanciers d’une même mécanique, l’un incarnant la science, l’autre étant la magie. Le rapport naissant entre ces deux-là m’évoque un peu ce qui régnait entre Vic et Changeling dans les New Teen Titans des années 80, ce qui est loin d’être une mauvaise référence. Le scénario cultive l’équilibre et le déséquilibre, le face-à-face entre des forces égales. Et à l’intérieur de la singularité apparente, la nouvelle Power Ring, le débat fait aussi rage. C’est quelque chose de beaucoup plus creusé que les deux premières années du titre, auquel s’ajoute en prime l’apparente promesse de la refonte d’un groupe, de façon semblable à ce que l’on avait pu voir il y a quelques épisodes avec les Metal Men. Geoff Johns nous donne une Justice League où beaucoup plus de choses peuvent se produire. Alors,forcément, certains diront que ce n’est pas leur Justice League mais au moins l’équipe ne donne pas l’impression de tourner en rond…
[Xavier Fournier]
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