Avant-Première VO: Review NVRLND #1
12 août 2016Peter Pan est un rocker avec son propre groupe, les Lost Boys, tandis que la jeunesse de la ville se défonce avec de la « Pixie Dust » (de la « poudre de fée »). Tout l’univers de Pan a ainsi été transposé dans un monde moderne, un tantinet hipster, dans lequel le Capitaine Crochet est devenu un inquiétant tatoueur.
NVRLND #1 [451 Media]
Scénario de Stephanie Salyers & Dylan Mulick
Dessins de Leila Leiz
Parution aux USA le mercredi 10 août 2016
Nouvelle publication de 451 Media (le label de comics cofondé par Michael Bay), NVRLND (modernisation option SMS de « Neverland ») n’a pourtant rien à voir avec les scènes de destruction massives ou avec les robots géants chers au réalisateur. On serait plutôt dans le registre d’un Once Upon A Time qui, au lieu de transposer les légendes dans un petit village éloigné, les aurait installés dans un quartier à la mode, où le mal a la forme de vendeurs de drogue écoulant un produit mortel. La tentation de lire NVRLND comme une sorte de jeu des 7 différences (sur le ton de « ah tiens, ils en ont fait ça… ») est grande. Mais Stephanie Salyers & Dylan Mulick ne subissent pas la trame du récit originel de Peter Pan. Ils s’en servent à leur manière pour raconter quelque de différent, notamment que les « enfants perdus » du XXI° siècle ont bien d’autres manières de s’égarer que de partir à l’aventure sur des vaisseaux pirates. Clochette n’a rien d’une fée, c’est une jeune femme normale, qui veille jalousement sur Peter. Wendy est ainsi transposée en une représentante de la jeunesse dorée d’Hollywood qui, bien avant de se préoccuper de Peter, doit d’abord comprendre Tiger, une jeune femme venue d’un milieu plus modeste et plus violent. En menace de fond trône un « Hook » toujours manchot mais qui, dans ce monde, est devenu un tatoueur assez prisé, utilisant sa prothèse pour tatouer (un phénomène pas si incroyable dans cette activité-là).
« You and me don’t need to be friends. And there’s no way you’re coming to my quinceanera, bitch. »
NVRLAND est aussi l’une des premières publications de la dessinatrice Leila Leiz, qui livre un travail intéressant et dynamique, surtout pour quelqu’un à ce stade de sa carrière. C’est très prometteur mais, pour le coup, ses dessins auraient mérité l’intervention d’un encreur extérieur car parfois l’épaisseur des traits de contours sont assez uniformes, même pour des éléments qui ne sont pas du tout à la même distance. Il y a aussi un problème dans les rapports de taille. Quand les deux jeunes frères de Wendy se trouvent à côté de personnes différentes, ils semblent changer de taille de manière peu cohérente. Mais si ces détails sont améliorables, ils ne gâchent pas, dans l’état, la lecture. Le style de Leila Leiz joue d’ailleurs beaucoup dans l’atmosphère de la série, qui, dans le cas contraire, en resterait à un jeu sur les archétypes. Leiz donne de la réalité aux personnages, en leur donnant, par exemple, des codes vestimentaires, des goûts tangibles (même si Becca semble un peu s’être trompée de décennie). NVRLND a l’avantage de sortir un peu de la production habituelle des comics mais le fait que ce soit proposé sous la forme d’une minisérie en 4 épisodes semble plutôt rassurant : ce n’est pas un concept que l’on pourrait réellement renouveler sur une quarantaine de chapitres. Un album, par contre, pourrait se tenir et aurait bien sa place à côté de certains titres de Glénat Comics, par exemple. Ce n’est pas à mettre entre les mains de celles et ceux qui ne goutent que des crossovers cosmiques, des complétistes des héros en cagoules ou bien les fans de Crossed. Mais NVRLND, qui plus est chez un label naissant, fait le job pour proposer autre chose.
[Xavier Fournier]