Avant-Première VO: Review Titans Hunt #8
20 mai 2016[FRENCH] La première génération des Teen Titans avait disparu des mémoires. Pourquoi ? Comment ? Dan Abnett achève ici ses réparations sur le mythe des Jeunes Titans, sans doute un peu limité par des marges qu’on lui impose (Starfire ? Cyborg ?) mais même si le procédé peut paraître abrupte par endroit, il n’en reste pas moins qu’on en ressort avec une équipe de Titans fonctionnelle, une vraie alternative à l’incarnation saccagée par Scott Lobdell dans les New 52.
Titans Hunt #8 [DC Comics]
Scénario de Dan Abnett
Dessins de Paul Pelletier
Parution aux USA le mercredi 18 mai 2016
Avec ce huitième épisode de Titans Hunt s’achève la mise en place d’une sorte de patch, de rustine, qui vise à ramener des Titans qui en ont le goût… C’est à dire au moins un noyau composé de Dick Grayson, Donna Troy, Roy Harper et Garth. Même si dans l’idéal on aurait apprécié qu’un Wally West sorte du bois, même si Cyborg, Raven ou Starfire semblent hors du coup pour des raisons diverses, Abnett tente, avec les moyens du bord, un coup « à la Sentry » : il a bien existé dans le passé une équipe de jeunes héros nommés les Teen Titans mais ceux-ci, devenus des ingrédients dans une machination démoniaque, ont préféré s’effacer des mémoires, coupant ainsi toute ressource à la menace. Sur ce préambule, avec de la planification et du temps, il y avait moyen de faire quelque chose de l’ordre d’un Identity Crisis. On devine qu’Abnett n’a eu aucun de ces deux avantages et le voici donc obligé de remettre en place de manière parfois un peu fébrile un passé que cinq ans de New 52 se sont efforcés d’ignorer. Du coup, il n’a pas le temps de tout expliquer (pourquoi untel serait intervenu des années avant sa première arrivée connue dans le monde des humains, par exemple ?). Des personnages comme « Bumblebee » se retrouvent réduits à de vagues allusions. Mais le scénariste le reconnaît d’une certaine manière et en profite même pour terminer sur un mystère supplémentaire, une porte laissée ouverte qui va faire cogiter les fans. L’utilisation des différences de noms est également quelque chose qu’un Grant Morrison aurait pu utiliser. Si c’est un peu brut de coffrage par endroit, il n’est reste pas moins que le résultat est efficace et qu’au final on retrouve un groupe animé par une vraie camaraderie (c’est devenu une rareté). Abnett réussi son coup, en particulier, avec une scène (dans un café) qui respire vraiment l’alchimie des Teen Titans des 70’s.
« We should be a team. We should formalize our connection and do something… »
Si Paulo Siqueira est crédité sur la couverture, à l’intérieur c’est bien Paul Pelletier qui dessine. On pourra regretter que la série n’ait pas utilisé un artiste unique de bout en bout, ce qui lui donnerait une meilleure tenue. Mais Pelletier est solide à son poste. Qui plus est, Pelletier sait représenter des personnages qui sourient, qui sont tristes ou étonnés, ce qui fonctionne avec la palette d’émotions de cet épisode. Les ventes de Titans Hunt étant ce qu’elles sont (minimalistes, en fait), il est difficile de dire quel sera l’avenir de la future série des Titans dans la période Rebirth. Viable ou un flop ? On verra d’ici quelques mois. Mais il me semble qu’avec le recul Titans Hunt restera comme le premier pas qui mène à Rebirth, et même une sorte de parabole : la réalisation qu’à force d’effacer les mémoires pour « mieux » réinventer les héros selon une paranoïa qui est plus une recette de Marvel, DC a sacrifié certaines choses qui faisaient sa spécificité. Ainsi ces dernières années on a pu lire Teen Titans sans réellement savoir qui étaient la moitié des personnages, préférant cultiver le mystère (ou le manque d’explications) à tous les coins de page. Ici, comme expliqué il y a quelques lignes, le virage ne permet pas d’être élégant dans certains passages. Mais on termine sur une touche où les pièces tombent dans le bon ordre, où les personnages ont envie d’être ensemble et où, par conséquent, cette envie peut rejaillir sur le lecteur.
[Xavier Fournier]