Dessins de Russ Braun
Parution aux USA le mercredi 15 juillet 2015
On continue donc avec cette minisérie qui n’a pour seul rapport avec Secret Wars qu’un macaron sur la couverture. Sorti de là, l’intérieur ne fait pas mention réellement de Battleworld, de son dieu, pas de « baron » ou encore de la muraille qui sépare chaque secteur. En fait l’histoire écrite par Garth Ennis aurait aussi bien pu se passer avant, racontant les aventures d’un aviateur du début du XX° siècle ayant découvert par hasard la Savage Land (ou le Triangle des Bermudes façon Skull The Slayer). Ennis ne subit pas le crossover Secret Wars. Il s’en sert comme un cheval de Troie pour amener, on l’espère, plus de lecteurs à lire cette histoire atypique, bien éloignée des super-héros de la Marvel. Même le Phantom Eagle, qui d’habitude est un aviateur costumé de manière criarde, en devient un personnage beaucoup plus réaliste (quand bien même le contexte de ses aventures ne l’est pas). Dans des numéros précédents, il m’avait fait penser un peu à l’actuel Star-Lord et sa mentalité de « slacker ». Mais, finalement, c’est autre chose…
Where Monsters Dwell, en fait, c’est du Indiana Jones. Mais là où Indiana Jones est connu pour se prendre le bec avec les femmes, le Phantom Eagle est plongé dans un récit où toutes les attentes liées à sa masculinité (qu’il est LE séducteur mais aussi le plus fort…) sont systématiquement remises en cause. De ce fait, Garth Ennis et Russ Braun, l’air de rien, nous donnent un récit qui parle de la diversité et des rapports entre les sexes mais sans nous coller sous le nez une héroïne principale idéalisée. C’est tout l’inverse. Le focus reste placé sur Karl Kaufmann, un personnage pas vraiment méchant, plutôt « beauf » (à sa décharge il ne fait pas preuve de préjugé quand Clem lui explique qui elle est) et sûr de son bon droit car les choses ont toujours fonctionné ainsi dans une société patriarcale. C’est peu de dire qu’à chaque détour de l’histoire son complexe tacite de supériorité est remis en cause. Du coup, et pour des raisons qui seront évidentes à la fin de l’épisode pour qui connaît un peu la saga de Den, le colosse immortalisé par Corben, l’écriture d’Ennis me fait ici penser à du Jan Strnad (le ton humoristique sur fond de guerre des sexes), au point que je me demande si ce n’est pas un hommage conscient. Reste à savoir ce qui arrive à Phantom Eagle dans l’épisode suivant, mais les perspectives semblent… réduites, en ce qui le concerne. Au moins, on ne peut pas reprocher à Marvel de ne pas prendre de risque, avec cette série très différente de ce que l’on attend d’un « spin-off ».
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