Le personnage de Black Panther revient sur les écrans, après avoir fait son apparition au sein du Marvel Cinematic Universe dans Civil War. T’Challa doit assumer le rôle de roi et décider de l’avenir de son pays, le Wakanda. Bien sûr, des ennemis se dresseront sur sa route. Le jeune homme sera-t-il à la hauteur de ses fonctions de souverain et de super-héros ? Le nouveau Marvel révolutionne-t-il le genre ou garde les codes bien connus du blockbuster ?
Dans Civil War, nous assistions à la mort de T’Chaka, le roi du Wakanda. Son fils, T’Challa (Chadwick Boseman) doit reprendre le flambeau, à la fois sur le contrôle du pays mais aussi assumer le rôle de Black Panther, gardien de la communauté. Tout pourrait se passer facilement si les ennemis de T’Challa n’arrivaient pas successivement pour lui pourrir la vie ! Entre M’Baku (Winston Duke), Ulysses Klaue (Andy Serkis) et Erik « Killmonger » Stevens (Michael B. Jordan), devenir roi ne sera pas de tout repos. Chacun apporte son lot de problèmes. Même si M’Baku est un adversaire phare de Black Panther dans les comics, ce sont les deux autres qui se taillent la part du lion dans ce long-métrage. Cependant, les interprétations sont inégales. On a d’un côté Andy Serkis qui cabotine, en fait un peu trop dans le rôle de Klaue. Le personnage est « légèrement » dément et « over-the-top ». À croire que pour une fois où Serkis ne joue pas un personnage en motion capture, il veut montrer qu’il peut passer par toutes les émotions avec son vrai visage. Le vilain en devient risible et oubliable, alors que dans les comics il a un certain panache. De l’autre, Killmonger est un vilain beaucoup plus crédible et complexe. Le choix de Michael B. Jordan (Creed, Fantastic 4 et The Wire) est judicieux. L’acteur qui a des années d’expérience en vient à « détrôner » Chadwick Boseman à l’écran. D’autant plus qu’Erik est un antagoniste aux intentions compréhensibles. Il n’est pas là en mode « je veux conquérir le monde ». OK, il veut prendre le pouvoir mais pour libérer les peuples opprimés. Une intention louable mais aux méthodes plus que discutables. Ses relations passées avec le héros ajoutent un aspect intéressant au personnage.
Comme dans de nombreuses productions Marvel, les liens familiaux tiennent une part importante du récit. Notamment les liens père/fils. Que ce soit Tony/Howard Stark, Thor/Loki/Odin, Star-Lord/Ego et dans une autre mesure Peter Parker/Oncle Ben, Scott Lang/Hank Pym (et au-delà des films Marvel Studios Professeur X et ses X-Men). Black Panther n’échappe pas à la règle. La relation entre T’Challa et T’Chaka est l’un des fils rouges de l’histoire. Et même si ce dernier est mort, son héritage influence le héros. Doit-il suivre l’exemple du père ou trouver sa propre voie ? L’introduction dans les années 90 est sympathique, même si au départ, on se croirait dans un remake du Prince à New York ! Heureusement, les choses prennent vite une toute autre tournure. Si on rajoute à ça les secrets de famille, l’intrigue s’épaissit. Et même s’il faut avouer que le lieu géographique peut donner cette sensation, le récit n’est pas sans rappeler celui du Roi Lion de Disney : une lutte pour l’héritage du trône entre un fils et son oncle. Le rôle de l’oncle est moindre ici (remplacer par un autre membre de la famille royale) mais on ne peut s’empêcher d’y penser. Le Wakanda est magnifique à l’écran. Le réalisateur utilise plusieurs effets spéciaux pour le représenter et c’est dommage qu’il n’y ait pas plus d’authenticité dans les paysages. Malgré tout, on est loin de Asgard et de ces palais à deux sous. Les costumes apportent beaucoup à l’ambiance générale du film. Chaque personnage a une personnalité vestimentaire propre et on passe son temps à scruter le soin et les détails apportés au tenus.
On a pu lire que Black Panther était en quelque sorte le James Bond de Marvel. Et force est de constater que ces avis sont justifiés. Plusieurs détails évoquent l’univers cinématique de 007. Prenez les belles bagnoles, transposé ici avec le vaisseau Faucon Royal. Le costume noir et technologique du héros. Les femmes gravitant autour de lui. Ce sentiment est renforcé dans la scène du casino. James Bond n’a pas l’exclusivité des combats dans les établissement de jeux mais il reste l’un des thèmes phares des derniers longs-métrages (on pense ici à la scène de poursuite à Shangai dans Skyfall). En ces temps où le respect de la femme est remis en avant, il est bon de voir des héroïnes qui crèvent l’écran. Que soit Danai Gurira dans le rôle d’Okoye, Letitia Wright dans celui de Shuri ou Lupita Nyong’o en Nakia, toutes arrivent à éclipser le héros principal. Elles ne sont pas des « James Bond girls » passives et jouent un rôle prépondérant dans l’aventure. Shuri, notamment, se révèle être la petite génie de la famille. Elle a poussé les ressources du vibranium pour créer toutes sortes de technologies. Sa jeunesse et son enthousiaste en font l’un des personnages les plus attachants. Elle est le pendant de Q pour T’Challa. On peut reprocher au réalisateur (et scénariste) de ne pas avoir misé sur le fait que T’Challa soit l’une des huit personnes les plus intelligentes du monde dans les comics. On comprend qu’il a bricolé son costume initial (celui de Civil War) mais il doit compter sur sa soeur pour lui créer un autre costume et les gadgets de son arsenal. Enfin, Everett Ross (Martin Freeman qui reprend son rôle de Civil War) est l’agent du gouvernement rival chargé de surveiller le héros. Mais est-il un agent double ? Everett Ross (aucun lien avec le Général Ross) est lié à l’univers de Black Panther depuis son création dans les comics en 2001. C’est un clin d’oeil aux fans que de l’inclure à l’intrigue principale.
Ce nouvel opus Marvel est un bon film. De là à parler de chef d’oeuvre, il ne faut pas abuser. Il a les défauts et les forces de ses prédécesseurs. Une intrigue vite résumée, un vilain trop proche visuellement du héros. Si on reprend Iron Monger ou Yellowjacket (respectivement dans Iron Man et Ant-Man), on avait une différence visuelle et de capacités. Ici le vilain utilise des armes semblables à celle du héros (ce n’est pas un spoil, c’est dans la bande-annonce). Le film est un peu long par endroit : si l’intro digital sur fond de sable est superbe (technique reprise dans le générique de fin), le tout peine à décoller. D’accord, il faut présenter le contexte et l’ensemble de la culture wakandaise. Mais 2h15, c’est un peu longuet… D’ailleurs, il y a une incohérence avec les évènements de Civil War et le début de Black Panther. Si dans Civil War, T’Challa revêtait l’habit de la Panthère Noire pour venger son père, on comprenait (vues ses prouesses au combat) qu’il possédait aussi les super-pouvoirs qui accompagnaient la fonction. Cependant, on comprend que le rituel pour obtenir l’herbe en forme de coeur dotant le héros de ses pouvoirs est sacré. Comment a-t-il pu l’obtenir alors qu’il était à Washington ? Les avait-il avant ? Excepté ce petit détail, l’ensemble ne présente pas de « plot holes », c’es-à-dire de « trous scénaristiques ». Marvel misant beaucoup sur ce héros, le budget du film permet des effets spéciaux démesurés. Trop parfois… Dans le dernier acte, on fait intervenir des « créatures » qui font un peu gadget et sont peu crédibles à l’écran. On aurait aimé que T’Challa soit plus mis en avant. Pour une éventuelle suite ? Les producteurs n’ont au moins pas essayé d’en faire un film de transition entre Civil War et Infinity War en casant ici-et-là des références à Thanos ou autres… On évite le syndrome « Iron Man 2 ». Mais le film a comme beaucoup de films Marvel des points positifs : une ambiance à la fois sombre et bon enfant ainsi que l’action bien rythmée, ce qui permet d’emmener ses (plus grands) enfants avec soi découvrir Black Panther.
Black Panther – Réalisé par Ryan Coogler, avec Chadwick Boseman, Michael B. Jordan, Lupita Nyong’o, Andy Serkis, Martin Freeman – En salles le 14 février 2018 – Marvel Studios.
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