SPOILER ALERT !
Le Big bazar
The Spirit commence par une mise au point. L’origine du personnage principal, Denny Colt, flic tué dans l’exercice de ses fonctions et « miraculeusement » revenu à la vie, et la mission qu’il s’est donnée : protéger Central City coûte que coûte contre la vermine criminelle. Le Spirit (Gabriel Macht) prend la parole. Sa voix résonne dans la tête du spectateur. Il court secourir une jeune fille dans une allée sombre. Il s’en sort avec un couteau en pleine poitrine. Mais il n’en a cure. Le Spirit a un pouvoir auto-guerisseur. La police arrive vite sur les lieux de l’agression mais ne l’arrête pas. Elle a un accord avec le justicier. Lequel ? Seul le Spirit et le commissaire Nolan connaissent la vérité. Mais déjà, une autre affaire attends le héros. Un flic (campé par le réalisateur lui-même, Frank Miller), l’accompagne jusqu’aux marais.
Dès lors, le Spirit, aidé des forces de police, va tout tenter pour mettre résoudre le mystère des coffres et mettre définitivement Octopus hors d’état de nuire.
Adapting or not adapting ?
Telle est la question. Peut-être que le Spirit n’était tout simplement pas la bonne franchise à transposer. Première question qui taraudera les fans : est-ce qu’un personnage de comics, adapté par un auteur de comics patenté et particulièrement pointilleux, Frank Miller, le sera correctement ? Pas forcément. Et ce pour plusieurs raisons. Primo, Miller réalise là son premier film en solo. Certes, il est crédité du poste de co-réalisateur sur Sin City, mais c’était bien Robert Rodriguez qui menait la barque. Ici seul en piste, la mise en scène de Miller se révèle poussive et contemplative. Les scènes sont longues et on se prend à regarder sa montre plus d’une fois.
Il y a des incohérences cartoonesques dans les situations et le script ? Pas de soucis… Eisner n’avait pas d’obsession pour la continuité sur le Spirit. Encore une pour la route ? Tous les personnages sont Juifs. Une tradition encore chez Eisner qui ne l’écrivait jamais dans aucun de ses romans graphiques, mais qui répétait tout le temps à qui voulait bien l’entendre que c’était une évidence dans son œuvre. Mais ce n’est, hélas, pas tout.
Frank Miller s’est aussi livré au jeu de la référence, évoquant Robin, le partenaire de Batman, comme il le fait dans ses derniers comics, All Star Batman & Robin et faisant mentionner une demi-douzaine de fois aux personnages comment Sand Saref avec le complexe d’Elektra ! Pour ceux qui l’ignorent, Elektra est, dans la mythologie grecque, celle qui vengea son père Agamemnon en assassinant sa propre mère. Mais, et surtout ici, c’est aussi le nom d’un personnage inventé par Miller dans Daredevil et devenu culte. Et que dire de la référence risible à Steve Ditko– co-créateur de Spider-Man– avec le camion « Ditko movers », compagnie de déménageurs qui transporte les vilains ?
Non, décidément, The Spirit, le film n’aura atteint aucun de ses objectifs. L’affiche le clame : « ma ville hurle ». Oui, mais plus de dépit d’avoir dû avaler un film comme The Spirit. Franchement, à tous ceux tentés par le côté noir et le personnage, foncez dans une librairie vous payer les albums de Will Eisner (essentiellement chez Delcourt) ou les nouvelles aventures du Spirit (ed.Panini).
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