Un nouveau personnage veille sur Gotham City : Balloon Man, une sorte de serial killer qui s’attaque aux personnes véreuses avec un piège bien particulier : les envoyer dans le ciel attachées à un ballon plein d’hélium. La méthode est un peu caricaturale mais efficace. De ce fait Gotham voit l’arrivée de ce que l’on peut considérer aussi bien comme son premier « vigilante » tout comme son premier « méchant à méthode ». Mais comme Balloon Man ne s’attaque qu’à des corrompus, la population de Gotham est plutôt de son côté. Et la police, comme à son habitude, est plutôt laxiste. Elle hésite entre s’en moquer ou au contraire supprimer le vigilante pour avoir tué un flic véreux. Comme toujours Jim Gordon est le seul qui s’intéresse à une justice honnête et mesurée, au grand dam de son équipier. Et il continue par ailleurs de mener l’enquête sur la mort des époux Wayne. Balloon Man semble être un cadeau à ceux qui veulent un plus de super héroïsme là-dedans. On ne peut pas le qualifier de personnage costumé mais c’est le prototype grotesque de nombreux bat-adversaires à venir. Un avantage certain : nous montrer qu’à Gotham les enquêtes ne sont pas les mêmes que celles vues à Miami, New York ou Las Vegas.
Gotham est une série qui m’inquiète sur un point en particulier, la gestion de la détective Montoya, certes très bien incarnée par l’actrice Victoria Cartagena mais qui, par son écriture, me gêne de façon croissante. Même si la présente d’une lesbienne assumée lui attire une certaine sympathie sur les réseaux sociaux, je trouve que la manière dont elle est représentée est – pour l’instant – assez rétrograde. Déjà dans le premier épisode, le petit coup de chantage à peine voilé à l’attention de son ex, genre « je sais ce que tu es, les autres pas encore » ne me semblait pas fameux. Maintenant qui s’enfonce tête baissée dans les apparences et qui veut absolument coller un meurtre sur le nouveau petit copain de l’ex en question, sur le simple témoignage d’une tenancière de bar véreux. Et qui s’introduit chez les gens sur le ton de « ah oui, j’avais gardé les clés, je ne t’avas pas dit » ? Le « bon flic irascible » fait partie du cliché des séries policières ou même super-héroïques (on a pu le voir aussi dans Arrow et dans d’autres). Le fait que Montoya se trompe de cible ne m’étonne donc pas. Qui plus est dans les comics, c’est un personnage avec sa part d’ombre avant de devenir The Question. Ce sont tous les à côtés, ce qui n’est pas « policier », qui me dérangent vu l’angle abordé. Sérieusement, à chaque fois qu’elle passe voir son ex, j’ai l’impression de voir la version « soft » de Glenn Close dans Fatal Attraction. J’imagine (j’espère) que cela va s’équilibrer plus loin dans la saison. Mais où j’en vois certains se réjouir des roucoulades Montoya/Barbara, je trouve que l’on nous montre une relation plutôt « creepy »… Ou plus exactement que l’on nous montre de manière inquiétante une relation qui ne devrait pas prendre ce ton. On notera aussi que Montoya et Allen ont reçu les mêmes cours de police que Bullock, c’est à dire que pour eux aussi toute enquête passe forcément par chez Fish Mooney (encore que là c’est justifié, puisqu’il s’agit de la disparition d’un de ses employés) avec une méthode qui consiste à dire « Bonjour, vous êtes vraiment très méchante et pas honnête mais on se demandait si vous pouviez nous dire qui est le tueur. On vous promet de vous croire sur parole. De toute manière nous les policiers, on ne sait pas chercher autrement. Une enquête vous dites ? nan, jamais entendu parler… ».
Fish Mooney est un personnage haut en couleur mais que l’on agite un peu trop pour un oui ou un non. À la longue, cela risque de devenir rengaine. À l’inverse l’évolution de l’intrigue du Pingouin me surprend agréablement par son accélération. Je pensais que l’on était parti pour des mois d’itinéraires parallèles, avec le criminel prenant de la bouteille en dehors de Gotham avant d’y revenir transformé. Il semble que les scénaristes empruntent une route plus directe, la confrontation avec Gordon étant bien plus rapide que je le pensais. À se demander si son histoire ne va pas prendre un grand virage dès la mi-season. Qui plus est, le fait que Barbara soit présente pourrait impliquer bien des choses pour l’avenir du couple. Autre surprise, les prémices de la vocation de Bruce, entre l’idée qui germe et Alfred qui commence, sans le réaliser, la formation de son maître. Du bon, du moins bon… et les admirateurs de la future Poison Ivy, pourtant sur les affiches de lancement, semblent condamner à l’oublier en dehors de son apparition dans le premier épisode. J’ai quand même, encore, l’impression de regarder quelque chose qui a les problèmes structurels similaires à la série Agents of S.H.I.E.L.D. avant que Marvel se reprenne. Gotham est très bien tourné, a de meilleurs acteurs, mais l’écriture fait le service minimum par endroits.
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