Dans l’Egypte ancienne, alors qu’une invasion Brood semble en passe de décimer toute civilisation, le Pharaon Imhotep sauve son peuple d’une mort certaine. Son bouclier, devenu relique sacrée, est à présent précieusement conservé en Europe. Car depuis lors, une confrérie secrète établie au Vatican s’est juré de d’ériger en garde-fou « contre les choses qui voudraient nous empêcher de devenir ce que nous sommes censés être ». New York 1953, un jeune homme prénommé Leonid, est conduit en Italie par les agents Nathaniel Richards et Howard Stark. Alors qu’il découvre « Urbis immortalis », la ville immortelle, son destin va inextricablement se lier à celui de la mystérieuse confrérie… Mutant ? Entité cosmique ? Son corps, partiellement constellé d’étoiles, semble en tout cas l’inscrire dans la longue tradition des gardiens de cette Terre…
Amis lecteurs, préparez-vous à voyager avec cette aventure très riche. Mêlant les événements réellement survenus aux fantaisies les plus totales, Jonathan Hickman fait preuve d’une belle ambition pour nous concocter un récit susceptible de donner de l’épaisseur historique à l’univers marvel. Sans le mentionner clairement dans ce premier story-arc de 6 épisodes, il est évident que nous sommes là en train de vivre les fondations qui ont forgé et motivé, au cours siècle, l’existence de la célèbre agence dirigée par Nick Fury. Logo identique, intégration de plusieurs parentés célèbres (les pères de Tony Stark et Red Richards), Galactus, les Brood et même Apocalypse en filigrane… tout y est pour en faire une sorte de gigantesque colonne vertébrale pour un univers dont le déficit d’unité est parfois lourd à porter pour un scénariste. En cela, la démarche de Jonathan Hickman est louable et bienvenue.
Maintenant, dans sa narration, l’œuvre présente en contrepartie plusieurs défauts qui apparaissent comme les revers patents d’une même médaille. 6 épisodes pour introduire presque autant de figures majeures (citons pêle-mêle Nostradamus, Isaac Newton, Michel-Ange, Galilée, Vinci, Nikola Tesla, Zhang Heng, Jâbir ibn Hayyân…), c’est relativement peu, d’autant que l’on passe très vite d’un site à l’autre, d’une époque lointaine à une époque plus contemporaine. Il y a donc deux caractéristiques qui s’imposent, de prime abord, à la lecteur de ce volume : la complexité et la sophistication. Complexité largement liée à une narration itérative, qui vous permet d’entrevoir dès les premières pages des événements qui surviendront et s’expliqueront, en réalité, quelque 100 pages plus tard. En attendant, il vous faudra accepter de rester dans le flou et surtout, garder le contact avec les références historiques employées.
Sophistication, aussi, de par la richesse de l’univers ainsi dépeint, cette sorte de franc-maçonnerie marvélienne et cosmique, brillamment illustrée par un Dustin Weaver (« Star Wars: Knights of the Old Republic ») très régulier au cours de ses 160 pages. Ses planches ne sont qu’abondance d’ornements, de mélanges esthétiquement habiles entre les technologies les plus futuristes qui soient et des designs issus de siècles pourtant bien révolus.
De cette forte promesse historisante, il apparaît évident que le lecteur trouvera là substance à même de satisfaire son appétit. Pour autant, la multiplication des références, tout comme la narration itérative, donc cyclique, ici employée s’avèrent des plus exigeants et pourront rendre hermétiques les moins tenaces d’entre-vous. On regrettera également que ces six premiers épisodes ne soient pas accompagnés de fiches succinctes relatant les faits marquants de ces grands protagonistes, histoire de resituer les « briques » utilisées par Jonathan Hickman pour construire et articuler son récit. Pour tous ceux qui ont envie de rêver à des liens improbables entre les grandes inventions et progrès de l’Homme et les enjeux héroïques développés au sein de l’univers Marvel, le chemin vers les étoiles est tout tracé.
[Nicolas Lambret]« S.H.I.E.L.D. La confrérie du bouclier», par Jonathan Hickman (scénario) et Dustin Weaver (dessin), Panini Comics, Coll. 100% Marvel, juin 2011, 160 p.
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