On accompagne un certain John vêtu d’une combinaison orange. Celui-ci se présente comme l’un des détenu du transporteur pénitentiaire Goliath 01, un vaisseau dérivant irrémédiablement dans le vide interstellaire suite à une collision avec de petites météorites. La situation semble critique mais pas désespérée… Du moins pas pour cette raison ! En effet, le capitaine du navire (un certain colonel Mercer) semble bien devenu fou et déambule dans l’appareil armé d’un hache, dessoudant à la hâte tout les résidents de l’appareil qu’il soit prisonniers ou personnel de bord. John tente donc de lui échapper en quittant le navire, luttant au passage avec ses démons intérieurs et l’ombre du psychopathe qui plane partout où porte son regard…
Après un bagne marocain à la fin du XIXe dans Biribi, mis en scène par Sylvain Ricard auteur récemment de Stalingrad Khronika et Olivier Thomas (Sans Pitié) et Le labyrinthe à l’architecte légendaire, proposé par Mathieu Gabella précédemment sur Idoles et Stephano Palumbo (Galata), c’est donc un tombeau spatial qui a été privilégié comme théâtre des opérations dans le présent volume. L’atmosphère des récits de science-fiction cosmique est évidemment propice à ce type de huis clos. Cette approche procure toujours au lecteur son lot d’inquiétude et un certain suspens s’installe en effet au fil de la narration, même si le genre est plutôt rebattu. Void 01 nous rappelle évidemment Alien ou certains films de série B comme Solaris, Forbidden World ou encore Pandorum (ce dernier étant par ailleurs consternant). La solitude, l’angoisse et la noirceur de l’espace sont cependant habilement retranscrites dans les planches sombres de Sean Phillips, précédemment associé à Ed Brubacher dans des séries comme Fatale, Criminal, Sleeper ou encore Incognito. La confusion mentale et l’angoisse du personnage principal sont efficacement mises en scène par l’utilisation du « gaufrier ».
Le Goliath 01 est un personnage à part entière du récit. Son rôle est central au déroulement de l’action. Il est dépeint tantôt comme une tombe ambulante tantôt comme l’ultime planche de salut. L’intrigue s’y déroule à mesure que le destin du personnage s’y scelle, tel un cauchemar dans lequel on s’enfonce inexorablement sans pouvoir en émerger. Dans le cas présent, l’angoisse et les péripéties rencontrées par John sont plus suggestives voire suggérées que réelles bien que la tension ambiante soit palpable. On peut regretter que la surprise du dénouement ne soit pas franchement au rendez-vous. Sans dévoiler la chute, on démêle en définitif assez rapidement le paradoxe auquel on est confronté. A mesure que l’on progresse dans le volume, de petites incohérences scénaristiques semblent même s’accumuler. Après un début de collection plutôt convaincant, cet opus est un petit ton en dessous, et donc vivement le suivant !
[Anne-Sophie Peyret]
« La grande évasion Void 01 » par Herik Hanna (scénario) et Sean Phillips (dessin), Delcourt, octobre 2012, 48 p.
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