Urban Comics: Les Réponses à Comic Box

[FRENCH] Le nouvel éditeur de DC Comics en France, Urban Comics, a récemment tenu un « point presse virtuel » auquel étaient conviés quatre sites consacrés traitant de comics. Voici les réponses aux questions posées par Comic Box mais attention, après lecture, allez aussi visiter les interviews complémentaires de Comicsblog, MDCU et Superpouvoir qui portent sur d’autres angles.

Pour commencer, une petite présentation de l’équipe Urban par François Hercouet, le directeur éditorial (ou si vous préférez parler « comics », l’Editeur-en-Chef) : « Charlène est notre responsable Marketing & Internet. Elle gère aussi bien l’aspect communication, partenariats marketing que la conception du site. Yann est notre assistant éditorial. Il m’assiste dans la production des titres et la gestion des urgences. Quant à moi, après avoir travaillé 6 ans aux côtés de Thierry Mornet sur le catalogue Contrebande des éditions Delcourt, je suis aujourd’hui chargé de donner la direction et le ton du catalogue Urban Comics, en tant de directeur éditorial. L’équipe est encadrée par Pôl Scorteccia qui, après avoir dirigé pendant plusieurs années les éditions du Lombard (où il a notamment initié la publication de la série Freak Angels de Warren Ellis), est devenu directeur duUrban Comics. Il est assisté par Anne Bouvet (assistante de direction). Nous couvrirons à deux (NDLR: avec Yann) l’essentiel de la production éditoriale. Ceci expliquera sans doute notre relative discrétion sur les réseaux sociaux. Il y a pas mal de boulot, comme vous devez vous en douter. Nous nous sommes cependant entourés d’une solide équipe de traducteurs, lettreurs et relecteurs pour mener à bien notre mission. » Pour mettre les pendules de tout le monde à l’heure et au cas où vous n’auriez pas connu les annonces d’Urban ces derniers jours, le programme de l’éditeur comporte en janvier la réédition en librairie de Watchmen avec la traduction de J.P. Manchette (celle utilisée par les éditions Zenda et Delcourt) puis en février les albums DC Anthologie (une compilation d’épisodes classiques + le premier épisode de Justice League version 2011), Superman: Superfiction (épisodes anciens d’Adventures of Superman, par Casey et Aucoin), Batman Sombre Reflet (les épisodes de Detective Comics par Scott Snyder), la Wonder Woman de J.M. Straczynski, Soldat Inconnu (le Unknow Soldier de Joshua Dysart et Alberto Ponticelli), les Dossiers d’Hellblazer (par Si Spencer et Sean Murphy) et la réédition de Top Ten par Alan Moore et Gene Ha. Côté kiosques, l’éditeur annonce le lancement de plusieurs revues à la durée de vie limitée (en attendant l’arrivée en France du relaunch global de DC). Batman Showcase reprendra la suite de Batman Inc (série débutée par Panini), à 5,60 euros pour 96 pages. Le crossover Flashpoint aura droit à son propre magazine (6,60 euros pour 144 pages). Le plus tardif Green Lantern Showcase devrait contenir les événements de la Guerre des Green Lanterns.

les questions/réponses propres à Comic Box:

Comic Box: Dans les premières parutions kiosques annoncées on remarque qu’elles sont non seulement thématiques mais que les épisodes sont publiés par saga (par ex: tout Batman Inc. d’un coup, tout Flashpoint: Projet Superman d’un coup) là où depuis Semic on gardait cette approche pour les HS mais les anthologies, elles, diffusaient en simultané les différentes séries (par exemple Batman et Robin publié à côté d’épisodes de Batman tout court). Est-ce que cette approche par « sagas » va perdurer ou est-ce qu’on retrouvera une optique plus conventionnelle plus tard ?

François Hercouet: L’idée avec ces premiers magazines (Batman Showcase en 2 numéros, Flashpoint en 3, Green Lantern Showcase en 2) est de créer le moins de rupture possible pour le lecteur des revues de Panini, et, étant donnée la nécessité de préparer l’arrivée du Relaunch, ce format « saga » nous a semblé le plus judicieux. On lit parfois que nous aurions dû commencer par les “New 52”, beaucoup plus simple éditorialement parlant. Ça aurait été effectivement plus simple (quoiqu’en termes de disponibilité des numéros, je n’en suis pas si sûr), mais quel aurait été le message envoyé aux lecteurs qui suivent ces séries depuis des mois ? Même si nous avons l’ambition d’ouvrir l’Univers DC aux nouveaux lecteurs, cela ne peut pas se faire au détriment des anciens.

Concernant le format « anthologique », c’est quelque chose que l’on retrouvera à partir du lancement des titres « Renaissance » (les « New 52 » du Relaunch). Nous publierons également des récits complets, inédits dans la mesure du possible et à forte pagination au cours de l’année, le genre de bouquins que vous avez envie d’emmener lorsque vous avez un long trajet en train devant vous. C’est également, à notre avis, le genre de format qui touchera plus facilement un nouveau lectorat, peu enclin à attaquer une revue kiosque dont il aurait raté le #1.

Comic Box: Parlons de MAD, puisqu’en un sens c’est le vrai événement : le retour de la licence en France. Il y a des décennies de matériel inédit en VF. Comment comptez-vous travailler ce fond. Est-ce qu’on doit s’attendre à des albums chronologiques, à des approches plus thématiques ou ponctuelles ?

François Hercouet: C’est effectivement l’approche thématique qui a été retenue dans un premier temps. Nous proposerons cette année deux anthologies MAD : l’une centrée sur les super-héros, l’autre sur l’œuvre de Sergio Aragones. Je ne vous cache pas que tout reste à faire pour implanter l’esprit MAD en France. La récente adaptation de cet univers loufoque sur France 4 (le samedi à 20h15) nous offre cependant une excellente opportunité de faire connaître une version plus moderne de MAD et d’étendre son public.

Ce qui nous a d’ailleurs frappé lorsque nous nous sommes rendus à la conférence MAD au Comic Con de New York, c’est la jeunesse des téléspectateurs. Ils n’ont pour la grande majorité d’entre eux jamais lu le magazine, mais ils semblent définitivement accros. Dans un mélange bien foutraque d’animation traditionnelle, de stop-motion et de photo-montages qui rappelle beaucoup Robot Chicken, l’éditeur de Mad Magazine, John Ficcarra, ses auteurs et Kevin Shinick, le créateur de l’émission, ont réalisé une adaptation visuelle à la fois inédite et très fidèle de cet univers. C’est rapide, très rapide et la traduction française (loué soit le talent de William Coryn, également à l’œuvre sur la VF de South Park), comme le doublage, sont de haute volée. De notre point de vue, c’est une totale réussite. L’émission rencontre un vrai succès aux Etats-Unis. Si cela prend en France, nous pourrions tout à fait envisager l’édition de matériel plus actuel.

Comic Box: On remarque que sur les 10 premières parutions annoncées 3 contiennent du Alan Moore (DC Anthologie, Watchmen et Top Ten) et les argumentaires de deux autres (Hellblazer et, plus curieusement, le Superman : Superfiction) font référence à Moore. Soit 50% des titres qui font allusion à Moore à des degrés divers. Est-ce que (re)constituer une sorte de « librairie Alan Moore » est une priorité de la gamme, au-delà du lancement ?

François Hercouet: Aaah, Alan Moore ou l’art d’apporter des réponses aux questions que personne ne s’était jamais posé. Rien de curieux à trouver une référence à Alan Moore dans le Superman de Joe Casey. Lorsqu’on écrit une aventure du plus puissant des super-héros, il est difficile de faire ressentir au lecteur une quelconque menace pesant sur le personnage. Casey, lui, réussit ce tour de force. C’est là qu’il innove et se rapproche en ce sens de l’écriture de Moore. Il est moins question de constituer une librairie Alan Moore – puisque seuls les titres signés de sa main peuvent s’en revendiquer – que de communiquer autour d’un auteur connu et reconnu pour tout le bien qu’il a fait aux comics. 1986 est la date à partir de laquelle plus personne n’écrira les récits de super-héros de la même façon, mais au-delà de Watchmen, et même si sa période super-héroïque semble terminée, son empreinte sur le genre reste encore profondément présente. Quant à la publication de Top 10, elle nous est apparue comme une évidence. Nous voulions profiter de notre édition de Watchmen pour faire (re)découvrir cette excellente série, introuvable depuis une dizaine d’années. Personnellement, ce qui me plaît dans cette série, plus que les centaines de références planquées en arrière-plan, c’est l’humour des dialogues et l’énormité des super-situations auxquelles ces super-flics, chargés de gérer le super-quotidien de leur super-administrés, sont confrontés. Et paf ! en plein épisode, Moore parvient à faire jaillir l’émotion là où on l’attendait vraiment pas (sans spoiler, l’accident de téléportation, publié dans notre tome 2, est à ce propos assez exceptionnel). Faire référence à Moore, c’est faire appel à ce ressenti unique dont nous avons tous fait l’expérience à la lecture d’une de ses œuvres. C’est une manière pour nous de mettre en avant des titres qui sortent du rang, qui apportent une réflexion inédite sur un thème et qui, à leur mesure, font progresser le comics dans sa forme et dans son contenu.

[Propos recueillis par Xavier Fournier]

Nous remercions bien sûr l’équipe d’Urban Comics mais aussi les intervenants des sites Comicsblog, MDCU et Superpouvoir, à la fois très conviviaux et sérieux tout au long de cette opération. N’hésitez pas à aller lire leurs parties de l’interview, qui portent sur d’autres points.

Les réponses à Comicsblog
Les réponses à MDCU
Les réponses à Superpouvoir

Il convient aussi de « rendre à César » et de faire un salut amical à Jeff de Cable Chronicles (http://www.cablechronicles.com/) qui ne faisait pas partie des médias invités mais qui a cependant couvert cette affaire depuis le début avec le plus grand sérieux (c’est lui qui avait sorti le premier le transfert de DC de manière officielle, en juin dernier). Nul doute que lui aussi aura d’autres occasions de revenir sur le sujet.

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