Que la bande dessinée soit de l’art, cela se savait depuis des décennies et le mot de Warhol : « Le plus grand peintre du XXe siècle, c’est Walt Disney » n’était pas ironique. Mais le phénomène n’apparaissait pas avec évidence dans notre culture. Combien d’années avant que le Centre Pompidou ne fasse honneur à Tintin ? Cependant des amateurs éclairés, collectionneurs discrets et modestes agissaient dans l’ombre. Ce sont eux que nous avons contactés. Ils nous ont ouvert les portes de leurs cavernes d’Ali Baba : des planches originales par centaines, depuis l’aube du 9e art (Richard Felton Outcault, Winsor McCay, Alain Saint Ogan, George Herriman, George McManus…) jusqu’à nos jours (Moebius, Philippe Druillet, Lewis Trondheim, Robert Crumb, Marcel Gottlib) en passant par les classiques européens (Hergé, Edgar. P Jacobs, André Franquin, Peyo, Jigé) et américains (Alex Raymond, Will Eisner, Milton Cannif). Parallèlement, les artistes, les collectionneurs d’art contemporain, les institutions et les galeries nous firent un accueil
tout aussi généreux et enthousiaste. VRAOUM ! donnera donc à voir une série de peintres et sculpteurs, directement concernés par la bande dessinée : Jean-Michel Basquiat, Errò, Gilles Barbier, Wim Delvoye, Alain Séchas, Hervé Di Rosa et tant d’autres… L’apport de tous ces artistes est fort révélateur, non seulement sur le plan des images mais aussi sur celui, plus réflexif, des sémiotiques propres à la bande dessinée. Par exemple : qu’est-ce qu’une bulle (ou phylactère) ? Une parole écrite ! Un trou dans l’image ? Et une case, ses blancs d’inter-cases ? On a cru très longtemps que l’oeuvre, en bande dessinée, c’était l’album. Et par conséquent, les dessins originaux des plus grands créateurs furent occultés, voire totalement mésestimés ou perdus… Franquin déclarant « On marchait dessus chez l’imprimeur ! ». Les récentes ventes publiques de planches de bandes dessinées ont prouvé que la situation a totalement changé : les 800 000 euros pour la couverture gouachée de Tintin en Amérique par Hergé (1931) virent surgir un sommet à présent bien entouré. La cotation d’une oeuvre n’est certes pas la ou une vérité, mais à coup sûr l’indice de l’état d’esprit d’une époque et de son désir collectif. Nos critères de sélection ne furent pas ceux des cotations et des effets médiatiques qu’elles déclenchent. Nous avons constamment privilégié la qualité artistique des oeuvres. Ainsi, à côté des chefs-d’oeuvre de Hergé, de Edgar. P Jacobs, de Winsor McCay, de André Franquin, de Bilal et de Moebius, on pourra admirer des planches originales exceptionnelles d’auteurs moins célèbres, voire tombés dans l’oubli : Benito Jacovitti, Edmond François Calvo, Alberto Breccia… VRAOUM ! aura dans ce cas un rôle de révélateur
et de découvreur.
Et l’Histoire du 9e art ? Nous ne l’avons nullement négligée. VRAOUM ! expose les premières planches de Windsor McCay, un original de Richard F. Outcault de 1916 comme des oeuvres actuelles de Lewis Trondheim ou Charles Burns, par exemple. L’histoire est présente tout au long de ce parcours vraoumesque, mais pas d’une façon linéaire. Une nouvelle conception des données historiques a été ici mise à l’épreuve. Il s’agit d’une sorte de cartographie, de pliage et dépliage faisant apparaître les phases historiques du 9e art comme des contrées, des îles, des continents. Par exemple, l’école franco-belge de « la Ligne claire » est un territoire s’esquissant avec Alain de Saint Ogan avant 1930, atteignant son classicisme avec Hergé, mais poursuivant son esthétique avec Tardi et au-delà, après 1980. Le visiteur n’aura aucun mal à aligner tous ces fragments éclatants s’il le désire. Ou bien, il se réjouira de parcourir VRAOUM !
comme un archipel et selon des trajectoires variables, avec accélérations et extases.
David Rosenberg et Pierre Sterckx, commissaires de l’exposition
David Rosenberg est commissaire d’exposition et auteur. Il a publié diverses monographies et ouvrages
consacrés à l’art moderne et contemporain. Il enseigne l’histoire et les théories de l’art à l’université de Vincennes — Saint-Denis, Paris 8. En 2006, pour la maison rouge, il a été commissaire de l’exposition « Busy Going Crazy, collection Sylvio Perlstein ».
Pierre Sterckx est critique d’art et auteur. Il travaille pour diverses revues d’art, dont Beaux-Arts magazine. Outre des publications sur l’art moderne et contemporain, il a consacré plusieurs ouvrages à la bande dessinée et en particulier à Hergé qu’il a bien connu. Il est aussi l’un des chroniqueurs de l’émission de Guillaume Durand : l’Objet du Scandale sur France 2.
catalogue d’exposition
A l’occasion de l’exposition, Fage éditions et la maison rouge coéditent un catalogue (textes : David Rosenberg et Pierre Sterckx, mise en image : Sylvain Paris), 192 pages couleur, 23×30 cm, 300 illustrations, 35€
VRAOUM !! « Bande dessinée & Art contemporain » à la maison rouge du 29 mai au 27 septembre 2009
la maison rouge
fondation antoine de galbert
10 bd de la bastille – 75012
www.lamaisonrouge.org
info@lamaisonrouge.org
t : +33 (0)1 40 01 08 81
f : +33 (0)1 40 01 08 83
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